Les 3 et 4 mars derniers, le Disaster Prevention Research Institute (DPRI) de l’université de Kyoto a réuni les acteurs japonais et européens de la recherche en Réduction des Risques de Catastrophe (RRC). Le programme Risques (IRiMa), ayant l’ambition de construire un nouveau paradigme de gestion intégrée des risques, y a été présenté par Gilles Grandjean (co-directeur BRGM du programme).
10 mars 2025

Les problématiques de gouvernance des risques et de résilience des sociétés face aux catastrophes ont donné lieu à la production de concepts et d’outils réglementaires nationaux et transnationaux (protection civile, législations de l’Union européenne (UE), cadre d’action de Sendai des Nations Unies…) et permettent la construction de recommandations aux niveaux nationaux, régionaux et locaux.

Pour autant, les résultats des activités de recherche et les innovations en matière de réduction des risques de catastrophes (RRC) ne sont pas toujours transférés en applications opérationnelles. À cet égard, la nécessité de réunir les principaux acteurs de la RRC, notamment les décideurs politiques, les scientifiques, les praticiens, les petites et moyennes entreprises, l’industrie et les représentants de la société civile a été clairement soulignée. 

Une dynamique de recherche collaborative 

La création par l’UE de la Communauté européenne de recherche et d'innovation pour la sécurité (CERIS), poursuite d’un projet de plateforme initialement ouverte en 2014, a permis l’identification des lacunes dans les domaines de la résilience des sociétés et de la gouvernance des risques et initié une dynamique collaborative entre de nombreux projets.

Les pays européens et le Japon notamment se sont emparés de ces outils pour nouer des partenariats étroits, portant sur la résilience des sociétés et les technologies pour les premiers secours. Cette approche sociétale tend à répondre à un constat préoccupant en soulignant la nécessité de renforcer la communication entre les organisations expertes et les utilisateurs potentiels (praticiens de la sécurité, autorités publiques), de renforcer le transfert de connaissance scientifique vers la conception des politiques publiques, l’éducation et la sensibilisation, pour préparer les populations aux risques de catastrophes.

Des expérimentations locales pour une gouvernance internationale

Cet évènement a réuni des représentants de consortiums de recherche internationaux. Cela leur a permis d’échanger sur les résultats scientifiques et la manière dont ils sont communiqués dans leurs pays respectifs et mis en œuvre par les autorités locales, régionales et nationales, dans l'UE et au Japon, d'un point de vue à la fois académique et pratique.

Que ce soit sur l’aspect éducation, sensibilisation ou préparation aux catastrophes, les pays réunis ont pu appréhender leurs similitudes et leurs différences (en particulier entre les pays européens et le Japon) pour avancer vers la formulation de recommandations pour construire et mettre en œuvre une gouvernance de gestion des risques efficace.

Un programme entre science et retour d’expériences

Organisées en 3 sessions, ces deux journées ont permis d’aborder les thématiques suivantes :

  • La résilience des sociétés – Les points fort d’une démarche collective des acteurs de la société (formels et informels, numériques et analogiques, organisés et non organisés) en tenant compte des facteurs humains, contextuels et sociétaux.
     
  • L’amélioration de la gestion des risques de catastrophes et de la gouvernance – Les défis des risques de catastrophes et de leur gestion pour les autorités locales et régionales : évaluation systémique des risques, prise de décision en matière d'atténuation et d'adaptation, développements technologiques. 
     
  • Retour d'expériences et retour de R&D – Focus sur des exemples de catastrophes (inondation, tremblement de terre, accident industriel majeur) présentés par des acteurs de secteurs et disciplines diverses. Avec des focus sur la gestion des risques de catastrophes et la gouvernance.

Inclus dans la session dédiée aux technologies et méthodologies de gestion des risques et sur la préparation et la réponse aux événements complexes, le programme Risques (IRiMa) a été présenté à cette large communauté, en soulignant les possibilités de collaborations internationales qu’il offre à travers son projet INTERRISK. La table ronde thématique a ensuite permis d’identifier les recherches récentes et à venir qui contribueront à renforcer les capacités des acteurs de la gestion des risques.

Les discussions menées dans cet atelier ont montré toute la pertinence du positionnement du PEPR Risques (IRiMa) en matière de gestion des risques intégrée, en phase avec les recommandations émises dans le Cadre de Sendaï.

Gilles Grandjean (BRGM), co-directeur du programme Risques (IRiMa).

D’autres projets innovants en la matière ont également été présentés, tels que :

  • Le projet européen SYNERGISE : nouvelle boîte à outils intégrée pour une réponse collaborative et une meilleure connaissance de la situation à risques.
  • L’expérimentation d’application de l'expérience du rétablissement après le grand tremblement de terre de l'Est du Japon au processus de rétablissement après le tremblement de terre de la péninsule de Noto.
  • Le co-développement d'outils de soutien aux parties prenantes pour la gestion des risques systémiques et la promotion de la préparation et de la résilience aux catastrophes, avec l’exemple PARATUS, une plateforme de parties prenantes pour les risques de catastrophes.