Le projet ciblé « Risques Outre-Mer » s’intéresse aux risques sismo-volcaniques aux Antilles, aux risques tsunamis dans l’Océan Indien, et aux risques hydro-climatiques dans le Pacifique, afin d’améliorer la connaissance sur les aléas et vulnérabilités, et de développer des stratégies de gestion intégrée des risques, adaptées aux zones ultramarines et intertropicales.

Enjeux

Les populations des Outre-mer et des zones intertropicales sont exposées à des risques telluriques et hydrométéorologiques intenses et fréquents, tels que des tremblements de terre, des éruptions volcaniques, des tsunamis, ainsi que des risques gravitaires, des inondations/submersions et érosions des côtes en lien notamment avec les cyclones et le changement climatique. 

Compte-tenu des particularités géographiques et sociales de ces territoires (insularité, éloignement à la métropole, proportion importante de la population exposée à un ou plusieurs aléas, tensions sociales et politiques, …), une connaissance spécifique des capacités locales de prévention, de gestion des risques, d’adaptation et de résilience est nécessaire. Il est de plus essentiel d’améliorer la connaissance des aléas et vulnérabilités. 

En effet, des verrous scientifiques demeurent, notamment sur la détection des signaux précurseurs à une éruption volcanique, la caractérisation des seuils de précipitation comme facteur de déclenchement des instabilités de terrain, la résilience des réseaux d’observation, ou encore le développement de modèles intégrés de gestion des risques pour caractériser les enjeux et évaluer les vulnérabilités face aux différents aléas. Il est ainsi crucial de reconsidérer les risques auxquels sont exposées les populations d'outre-mer pour modéliser précisément les phénomènes en cascade, ainsi que la superposition des aléas et vulnérabilités sur les territoires, afin de contribuer à l'élaboration de politiques pertinentes pour la gestion des risques et la résilience. 

Objectifs

Dans ce contexte, le projet Risques Outre-Mer, projet ciblé n°5 du PEPR Risques (IRiMa) vise à répondre à trois principaux objectifs :

  1. Identifier de nouveaux observables pour l'étude des risques naturels et de leur impact anthropique sur de grandes échelles spatio-temporelles ;
  2. Développer des modèles holistiques et intégrés de processus complexes en tenant compte des incertitudes liées aux projections du changement climatique et à l'intégration de modèles prédictifs couplés pour dépasser les approches en silos et étudier les interactions entre les phénomènes, notamment les effets cascades ;
  3. Développer des stratégies de gestion intégrée des risques adaptées aux outre-mer et aux zones intertropicales, capables de faire face aux conséquences des événements extrêmes et des événements en cascade qui induisent des risques multiples (éruptions, instabilités, tsunamis, inondations).

Il concerne :

  • Les risques sismo-volcaniques aux Antilles, dont le volcan de la Montagne Pelée en Martinique connaît une phase de réactivation depuis quelques années ; 
  • Les risques tsunamis dans l’Océan Indien, et plus particulièrement à Mayotte marquée par une crise sismo-volcanique depuis plus de 4 ans ;
  • Les risques hydro-climatiques dans le Pacifique, et notamment la gestion des risques cycloniques (submersions marines, mouvements de terrain) en Nouvelle-Calédonie et l’adaptation des îles coralliennes aux effets du changement climatique (érosion côtière) en Polynésie française.

Les recherches et développements réalisés sur les risques identifiés dans chacune des zones cibles pourront ensuite être déployés plus largement sur les autres zones.

Montagne Pelée © Anne Le Friant

Chiffres clés

  • 7.00
    ans

  • 3.00
    types de risque

  • 3.00
    zones d'étude

  • 7.00
    partenaires

Port de Mayotte

Port de Mayotte

© Adobe Stock

Axes de recherche et résultats attendus

Les travaux de recherche s’articulent autour de trois axes :

1. Développer une instrumentation multicapteurs novatrice pour l’observation des phénomènes sismo-volcaniques, et le suivi de l’endommagement sur les bâtiments d’un quartier

Le premier axe est consacré au développement d’un réseau de capteurs en forage en Martinique, afin de détecter en avance des perturbations dans les processus physico-chimiques des systèmes de stockage de magma, potentiellement précurseurs d’une remontée de magma. Un défi majeur est de développer un réseau suffisamment résilient pour acquérir des données avant, pendant et après l’éruption. Les scientifiques déploieront également un réseau de capteurs low cost pour suivre en temps réel la réponse vibratoire des bâtiments (privés, stratégiques et infrastructures critiques) et leur déformation, afin de caractériser la diversité de l’endommagement au sein d’une même zone et au sein de mêmes typologies de bâtiments. Ils analyseront de plus les dimensions sociales et politiques du déploiement de cette instrumentation, les modalités de leur intégration dans les systèmes d’observation et de surveillance existants, leur appropriation par différents acteurs concernés (citoyens, acteurs publics et privés), et leur impact sur les collaborations entre scientifiques, citoyens et autorités publiques dans la compréhension, la réduction et la gestion des risques.

2. Estimer les dommages et les impacts socio-économiques liés au risque tsunami

Cet axe porte sur l’élaboration d’une chaîne d’outils reliant des modèles mathématiques et numériques de pointe avec des données géophysiques, géologiques, de génie civil, de géographie et d’économie, pour analyser les aléas, les risques et les impacts socio-économiques liés à des tsunamis générés par des glissements de terrain dans un contexte sismo-volcanique actif. 

Les scientifiques s’appuieront sur les données collectées dans le cadre du réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte (REVOSIMA) et de précédents travaux de recherche. Ils affineront les sources tsunamigènes correspondant aux scénarios les plus probables et dommageables, un point clé de l'évaluation du risque de tsunami, et simuleront la génération de vagues près de ces sources. Ces outils permettront de caractériser l’exposition et la vulnérabilité et de quantifier l’impact sur les habitations et infrastructures pour le cas de Mayotte. Les analyses de vulnérabilités seront utiles pour identifier des leviers de prévention et de gestion de crise, adaptés au contexte local. Ces éléments sont essentiels pour le développement d’outils d’aide à la décision et la co-construction de solutions préventives avec les parties prenantes du territoire (décideurs, gestionnaires, populations).

3. Gestion de crise cyclonique et adaptation des îles coralliennes 

Le troisième axe se concentre d’une part sur les risques liés aux événements extrêmes de type cyclonique, avec pour terrain d’étude la Nouvelle Calédonie située sur la trajectoire des cyclones de l’océan Pacifique. Il s’agit de caractériser les aléas submersions marines et mouvements de terrains dans une situation de crise pour in fine, parvenir à l’automatisation d’un bulletin de prévision de ces aléas associés à l’arrivée d’un cyclone.

Il s’intéresse d’autre part aux risques liés au changement climatique sur les îles coralliennes, avec pour site pilote Bora Bora (île haute et barrière urbanisée) et l’atoll limitrophe non occupé de Tupai en Polynésie française. Les scientifiques s’attacheront à caractériser l’évolution du trait de côte depuis les années 1950, le rôle du récif corallien en matière de protection et de production de sédiment, et la perception des habitants sur les phénomènes observés. Des expérimentations sur la réponse des coraux face aux aléas climatiques (élévation du niveau de la mer et force des vagues) seront menées en laboratoire pour réaliser, à partir de ces données, des simulations numériques de l’érosion côtière sur la base de scénarios futurs. Les résultats seront utilisés en appui à l’élaboration de trajectoires d’évolution du littoral afin d’identifier des leviers possibles d’adaptation en se basant sur les solutions fondées sur la nature. 

Co-responsables

Anne Le Friant
Anne Le Friant
Institut de Physique du Globe de Paris, Université Paris Cité
Ywenn De la Torre, Directeur Régional Guadeloupe, BRGM
Ywenn De la Torre
Directeur Régional Guadeloupe, BRGM,

Anne Le Friant (Institut de Physique du Globe de Paris, Université Paris Cité) coordonne l’axe 5 du PEPR Risques (IRiMa) et le projet ciblé Risques Outre-Mer). Elle possède une expertise en géophysique marine, en géologie, en téphrochronologie et en simulations numériques liées aux instabilités gravitaires autour des îles volcaniques et aux tsunamis générés. Elle a dirigé plusieurs projets nationaux et internationaux, a été co-chef de l'expédition internationale IODP 340, coordinatrice du projet ANR CARIB, et a participé à 15 campagnes océanographiques. Depuis 2016, elle est directrice adjointe de l'IPGP, en charge des observatoires. Elle est également membre de plusieurs conseils et comités locaux ou nationaux dont le COPRNM (Conseil d’Orientation pour la Prévention des Risques Naturels Majeurs).

Ywenn De la Torre, Directeur Régional Guadeloupe, BRGM, est expert dans le domaine des risques littoraux en lien avec le changement climatique. Il s’est spécialisé dans les littoraux tropicaux de l’outre-mer français, ainsi qu’à l’international. Il est notamment à l’origine de la création et la mise en œuvre de plusieurs observatoires du trait de côte dans l’Océan Indien et dans la Caraïbe. Il est l’instigateur du projet CARIBCOAST et fait partie du comité d’expert auprès de l’Association des Etats de la Caraïbe. Il enseigne depuis plus de 20 ans dans plusieurs universités françaises et à l’étranger.

Partenaires

Le consortium du projet réunit des chercheurs en géologie, géophysique, mathématiques et numérique, génie civil, géographie, sciences sociales et économie, issus de différents établissements de recherche :

  • IPGP – Institut de Physique du Globe de Paris (établissement coordinateur)
  • BRGM – Bureau de Recherches Géologiques et Minières
  • CNRS – Centre National de la Recherche Scientifique 
  • UGA – Université Grenoble Alpes
  • IRD – Institut de recherche pour le Développement
  • INRIA – Institut National de Recherche en sciences et technologies du numérique
  • Université de Montpellier 3 – LAGAM (Laboratoire de Géographie et d’Aménagement de Montpellier)