La superposition et la combinaison de différents risques sur les mêmes territoires et leur aggravation par le dérèglement climatique soulèvent de nouveaux enjeux scientifiques, sociaux et politiques. Le projet « Risques et Sociétés » du PEPR Risques (IRiMa) vise à répondre à plusieurs de ces défis en analysant les modes de gestion actuels des risques et leurs impacts, en développant de nouveaux cadres et outils pour mieux les caractériser et en élaborant des dispositifs de gouvernance en collaboration avec les parties prenantes (services opérationnels, citoyens, …) pour une réduction durable des risques et des catastrophes.
Dégâts provoqués par le tsunami

Dégâts provoqués par le tsunami (Fukushima, Japon, 2011).

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Enjeux 

Dans le contexte des changements globaux, nous connaissons une transformation de la nature des risques avec une aggravation drastique des impacts du fait de la combinaison des risques dits naturels tels que les inondations, sécheresses, incendies ou séismes, avec les modes d’organisation des sociétés humaines (politiques d’urbanisation et d’aménagement du territoire, activités industrielles, capacité des institutions à répondre aux catastrophes). Cette situation est à l’origine de polycrises importantes comme l’illustre l’ouragan Katrina (2005), l’accident nucléaire de Fukushima (2011), les récentes inondations dans le Nord et le Sud-Est de la France (2023) ou encore les séismes en Turquie, en Syrie et au Maroc (2023). 

De nombreux travaux de recherche en Sciences Humaines et Sociales (SHS) ont été menés pour mieux saisir les transformations des modes de gestion des risques ces dernières décennies, en analysant les changements de paradigmes scientifiques et politiques, les nouveaux instruments dans l’analyse et la gestion des risques, les mises en œuvre des politiques territoriales à différentes échelles, ou encore les politiques post-catastrophe. 

Il est nécessaire de poursuivre cet effort de recherche pour mieux prendre en compte l’impact du dérèglement climatique, les formes d’imprévisibilité des risques et les différentes formes d’instabilités et d’inégalités qu’elles génèrent. Il s’agit de construire des cadres d’analyse qui prennent pleinement en compte les problématiques de superposition et d’intrication des risques et des vulnérabilités, qui permettent de produire des recherches et des expertises pertinentes pour l’élaboration de dispositifs et de politiques plus inclusives (incluant les parties prenantes) de prévention, d'alerte, de gestion de crise, d’adaptation et de résilience.

Cela implique de dépasser l’approche « aléas-centrée » qui reste le paradigme dominant dans la production des connaissances sur les risques. Il est également nécessaire de structurer la communauté scientifique nationale des SHS qui travaille sur les risques, actuellement fragmentée et insuffisamment visible à l’international. 

Objectifs 

Dans ce contexte, le projet ciblé « Risques et Sociétés » vise à développer un ensemble de travaux sur les dimensions sociales et politiques des risques, et à produire des synthèses à l’échelle du PEPR Risques (IRiMa). Il vise plus spécifiquement à : 

  • Analyser et produire un bilan partagé des modes de gestion actuels des risques et des catastrophes (les concepts, approches, méthodes et pratiques) à partir de l’étude d’un ensemble de cas empiriques et la conduite de comparaisons internationales, pour les améliorer ou les transformer ; 
  • Contribuer à la construction d'un nouveau cadre d’analyse et de gestion intégrée des risques qui inclut les dimensions sociales et politiques, capable de faire face à la superposition, à l’intrication et aux interdépendances de différents risques sur de nombreux territoires ; 
  • Concevoir et expérimenter de nouveaux outils et dispositifs de gouvernance inclusive des risques en collaboration avec différentes parties prenantes : scientifiques, décideurs, sphères opérationnelles et citoyens ; 
  • Développer et structurer une communauté SHS sur les risques et les catastrophes, en renforçant les approches et les collaborations interdisciplinaires, ainsi que la visibilité de cette communauté à l’échelle internationale.
La houle cyclonique OMAR du 16 octobre 2008 en Martinique

Chiffres clés

  • 2.50
    M€ sur 7 ans

  • 4.00
    principaux objectifs

  • 9.00
    partenaires

Axes 

Pour relever ces défis, il est structuré autour de cinq axes : 

  1. La structuration de la communauté nationale SHS, le développement des collaborations et le renforcement de sa visibilité internationale.
  2. L’analyse et la caractérisation des réseaux de surveillance des risques sismiques et volcaniques en France. 

    Les chercheurs analyseront, à partir d’une approche historique et sociologique, les points de tension entre observation et surveillance, et comment s’organisent aujourd’hui l’anticipation de risques majeurs. Ils étudieront également les formes et les effets de l’essor d’une surveillance environnementale citoyenne, et mèneront une comparaison avec les systèmes internationaux de surveillance.

  3. L’étude des transformations en cours des politiques des risques et des modalités actuelles de leur gouvernance. 

    Il s’agira d’étudier les approches des multirisques qui font aujourd’hui l’objet de différentes conceptions, la mise en œuvre territoriales de ces approches, notamment en Région Nouvelle-Aquitaine, la territorialisation des politiques des risques et des catastrophes ou encore les transformations de la gouvernance d’anticipation.

  4. L’analyse des approches des vulnérabilités multiples, des outils et des politiques mises en œuvre dans les outre-mer, et du bilan des catastrophes passées pour proposer un ensemble de démarches permettant de mieux intégrer les vulnérabilités multiples et leurs interdépendances dans une perspective de réduction des risques et catastrophes. 
  5. La réalisation d’un état des lieux des dispositifs et des pratiques de gestion des risques qui incluent un rôle actif des habitants d’une zone concernée par des risques majeurs, et la mise en place d’autre part d’un Risk Lab : un dispositif opérationnel de production de connaissances et de dialogue entre les communautés scientifiques, les citoyens, les services (sécurité civile, etc.) et les pouvoirs publics.

Coordinatrice du projet

Soraya Boudia, Professeure à l’Université Paris Cité détachée dans le corps des directeurs de recherche au CNRS, co-directrice du PEPR Risques. Historienne et sociologue des sciences, de l'environnement et des risques, elle a développé un ensemble de travaux sur les relations entre sciences, techniques et politique, en particulier sur les modalités de gouvernement des risques environnementaux. 

 

Partenaires 

  • CNRS (établissement coordinateur)
  • INRAE
  • IRD
  • IRSN
  • Université Grenoble Alpes
  • Sorbonne Université
  • Université de Strasbourg
  • Université de Pau et des Pays de l’Adour