Particulièrement sensibles aux effets du changement climatique, les zones littorales sont des bassins de risques particuliers confrontés à des aléas tels que des submersion marines, le recul du trait de côte ou l’élévation du niveau de la mer. Le projet IRICOT du PEPR Risques (IRiMa) vise à améliorer la connaissance des aléas, accompagner la gestion des risques et favoriser l’élaboration de stratégies d’adaptation.

Enjeux 

Les zones littorales concentrent près de la moitié de la population mondiale sur une bande côtière de 100 km de large, dont près de 11% dans des zones de faible altitude par rapport au niveau de la mer. Ces territoires attractifs, qui accueillent de plus en plus de personnes et d’activités, sont confrontés à des aléas d’une ampleur croissante. Ils sont notamment soumis à un phénomène global d’érosion en général attribué à la diminution des apports sédimentaires par les fleuves, aggravé par l’élévation du niveau marin. Une meilleure connaissance des aléas et des risques sur les littoraux est nécessaire pour préparer les sociétés locales aux enjeux liés aux changements globaux. 

Dans ce contexte, le projet de recherche IRICOT, troisième projet ciblé du PEPR Risques (IRiMa), vise à lever quatre verrous scientifiques :

  • une connaissance insuffisante des aléas littoraux passés et des impacts anthropiques sur l’environnement ;
  • une compréhension insuffisante des événements extrêmes, notamment des processus d’érosion par les vagues lors des tempêtes ;
  • une difficulté à prédire les aléas littoraux aux échelles temporelles intermédiaires (saisonnières, pluriannuelles à pluridécennales) ;
  • la nécessité d’intégrer les spécificités de ces territoires dans les stratégies d’adaptation. 
Plage de Bidart (Pyrénées-Atlantiques, 2018)

Chiffres clés

  • 7.00
    ans

  • 4.00
    verrous scientifiques à l'étude

  • 14.00
    partenaires

Erosion de la dune à la Tranche-sur-Mer

Dégâts sur les maisons causés par l’érosion de la dune à la Tranche-sur-Mer, suite à la tempête Xynthia (Vendée, 2010).

© BRGM - Rodrigo Pedreros

Objectifs et résultats attendus 

Le projet ciblé IRICOT a pour objectif de produire de nouvelles connaissances transdisciplinaires en appui à la gestion des risques littoraux et à l’élaboration de stratégies d’adaptation. Il vise plus spécifiquement à : 

1. Eclairer les connaissances et leçons du passé dans ces domaines 

A travers une analyse sociohistorique de la gestion des aléas littoraux et leurs impacts, et une meilleure compréhension des effets anthropiques sur l’environnement qui amplifient les crises actuelles. Il s’agit notamment :

  • d’analyser la fiabilité des sources historiques documentant les aléas littoraux passés et leurs impacts ; 
  • d’évaluer l’impact de la gestion anthropique historiques du XXe siècle jusqu’à nos jours de l’estuaire de la gironde par modélisation numérique hydrodynamique des niveaux d’eau extrêmes et de leur rôle sur l’amplification progressive de la marée constatée depuis 1950 ; 
  • d’étudier les leçons du passé à travers les pratiques et connaissances ou méconnaissances territoriales passées de la gestion des risques naturels et de la résilience des populations pour mieux territorialiser les stratégies d’adaptation future aux changements climatique ; 
  • de modéliser des phénomènes de submersion dans une zone estuarienne à forts enjeux industriels et urbains sur le territoire du Havre afin de proposer un scénario de réalité virtuelle à destination des acteurs territoriaux.

 

2. Améliorer la connaissance des événements extrêmes 

En constituant une base de données originale reposant sur la mesure de l’érosion des dunes, plages et falaises lors des événements majeurs de tempêtes. Cela suppose des mesures de terrain dans des conditions extrêmes, avec le déploiement d’un grand nombre de capteurs physiques pour mesurer aussi bien les vagues que les vents soufflant au-dessus des dunes, ainsi que les flux de sable associés et la déstabilisation des falaises. Dans un second temps cette connaissance sera intégrée dans les modèles prédictifs de morphodynamique littorale qui seront testés par la simulation d’événements extrêmes récents afin d’évaluer leur capacité prédictive pour les chaines de traitement de prévention des risques. 

 

3. Mieux prévoir les aléas aux échelles saisonnières à décennales

Ces échelles, pas assez abordées dans la prévision des risques littoraux, sont pourtant pertinentes pour le déploiement des stratégies d’adaptation au niveau des territoires. Il s’agit de mieux comprendre, modéliser et prévoir ces aléas pour une diversité d’environnements (côte sableuse, estuaire) en produisant de nouveaux indicateurs d’état du système pour les façades atlantique et méditerranéenne de la France métropolitaine, de l’échelle locale à l’ensemble de la façade, avec une résolution spatiale à une centaine de mètres. L’ambition est d’aboutir à un démonstrateur de services climatiques pour la prévision des risques littoraux aux échelles saisonnières à décennales. 

 

4. Apporter un regard neuf sur les stratégies d’adaptation face aux risques

En s’intéressant à l’impact des multirisques littoraux sur le bien-être, aux protections du point de vue économique, et à la nécessaire transformation des gouvernances des risques. Cet axe prévoit : 

  • la réalisation d’une revue de littérature sur le multirisque en sciences sociales afin de mieux appréhender les enjeux complexes de la gestion des risques littoraux liés aux changements globaux, compte tenu d’autres types de risques liés à son aménagement ou industrialisation ; 
  • l’analyse du rapport des habitants aux risques multiples à travers la mesure de la qualité de vie et les attentes en matière de services rendus par les infrastructures ;
  • la caractérisation de la propriété littorale afin de détecter et de caractériser les zones littorales françaises potentiellement exposées à un scénario de relocalisation résidentielle ; 
  • l’étude de dispositifs de gouvernance impliquant des formes de mobilisation collective (élaboration d’un outil de suivi des interventions de secours à la plage, étude du dispositif CoastSnap Nouvelle-Aquitaine sur l’évolution des plages et du trait de côte) pour mieux comprendre les processus d’évolution de la zone côtière et construire des projets de territoire partagés. 

De par la diversité des disciplines abordées (physique, géographie, histoire, sciences humaines et sociales, économie…) et la multiplicité des équipes impliquées, le projet IRICOT ambitionne de fédérer une communauté de recherche élargie de la gestion du littoral pour aborder ces enjeux sous un angle systémique et interdisciplinaire.

Tempête automnale sur l'Atlantique (2017)

Sites d’étude 

IRICOT couvre les principales typologies de littoraux : des côtes ouvertes exposées aux vagues (plages sableuses ou à falaise), aux côtes semi-fermées dominées par la marée (estuaires et baies). Toutes les façades littorales métropolitaines sont considérées, incluant des sites en Manche, Atlantique, Méditerranée et Corse. Les membres du projet proposent un focus sur le littoral de la Nouvelle-Aquitaine afin de cibler l’effort sur quelques sites pilotes et de mutualiser des moyens et des données disponibles aussi bien dans le domaine environnemental que dans celui relevant des sciences humaines et sociales. 

De fortes interactions sont prévues avec les projets ciblés IRIMONT, Risques NaTech et Plateformes numériques du PEPR Risques (IRiMa), en particulier pour l’analyse sociohistorique et pour l’étude des sites pilotes estuariens (Seine et Gironde), lieux à forts enjeux en raison des risques industriels et radiologiques. 

Co-responsables

Aldo Sottolichio, Professeur à l’Université de Bordeaux, coordinateur et animateur d’IRICOT
Aldo Sottolichio
Professeur à l’Université de Bordeaux, coordinateur et animateur d’IRICOT
Eric David
Eric David
Responsable de l'Unité Risque Côtier et Changement Climatique au sein du BRGM, co-animateur d’IRICOT

Aldo Sottolichio, Professeur à l’Université de Bordeaux, coordinateur et animateur d’IRICOT

Avec plus de 20 ans d’expérience en recherche, il s’intéresse à la dynamique hydrosédimentaire des littoraux semi-fermés (estuaires et lagunes), en combinant des approches par mesures directes in situ et modélisation numérique, depuis les échelles instantanées de la marée jusqu’à celles du siècle. Auteur de plus de 70 articles internationaux, il a encadré une dizaine de thèses, piloté une douzaine de projets nationaux, et a participé à 3 projets ANR et 2 projets internationaux. Il a notamment contribué à mieux comprendre les mécanismes de transport, érosion et dépôt des sédiments fins dans les estuaires macrotidaux, phénomène responsable de l’envasement progressif de ces milieux littoraux sur le long terme, et vulnérables à la submersion. Depuis 2021, il coordonne le réseau de recherche régional R3 RIVAGES dédié aux risques littoraux en Nouvelle Aquitaine, et qui favorise les approches interdisciplinaires. 

Eric David, Responsable de l'Unité Risque Côtier et Changement Climatique au sein de la Direction Risque et Prévention du BRGM, co-animateur d’IRICOT

Avec plus de 30 ans d’expérience en recherche et ingénierie, ses travaux portent sur les approches systémiques et multirisques de la gestion des risques et de l’adaptation des littoraux. Il cherche à mettre en relation les approches numériques physiques de la gestion des risques avec les contextes humains, sociaux et économiques territoriaux afin d’améliorer l’efficacité des stratégies d’adaptation de ces territoires. Il développe d’autre part des approches multirisques et effets cascades, y compris dans la relation des risques naturels et technologiques.

Partenaires 

IRICOT réunit des spécialistes de la dynamique littorale en sciences de l’environnement (physique, géologie, mécanique des fluides) et en sciences humaines et sociales (histoire, économie, géographie). 

Il regroupe 14 acteurs nationaux clés de la recherche sur les risques littoraux : 

  • Université de Bordeaux (établissement coordinateur)
  • Université de La Rochelle
  • Université de Pau et des Pays de L’Adour
  • Université de Poitiers
  • Université de Perpignan
  • Université de Caen
  • Université de Rouen
  • Université de Bretagne Occidentale
  • INRAE
  • CNRS
  • BRGM
  • IRSN
  • Météo France 
  • CEREMA