En ouverture de la journée, Philippe Freyssinet, Directeur de la Recherche, de la Programmation scientifique et Communication au BRGM, a souligné le caractère nouveau des PEPR dans le système français de la recherche pour rassembler et structurer des communautés scientifiques, et c’est notamment l’un des objectifs du PEPR Risques co-piloté par le BRGM, le CNRS et l’Université Grenoble Alpes (UGA). Ce programme vise à intégrer les savoirs produits par différentes communautés, en particulier les géosciences, l’ingénierie, les sciences du numérique et les SHS qui travaillent souvent en silos, et à formaliser une science des risques pour contribuer à l’élaboration d’une nouvelle stratégie nationale de gestion des risques et des catastrophes.
Etat des lieux des risques et des catastrophes en France et enjeux de recherche et gestion
Lors d’une table ronde, Béatrice Michalland, Sous-directrice de l’information environnementale (CGDD), a présenté une étude statistique du ministère de la Transition écologique sur les risques naturels en France, et la sinistralité liée aux catastrophes naturelles, soulignant la prédominance des inondations depuis 40 ans et une tendance à la hausse des événements de sécheresse et de retrait gonflement des argiles ces dix dernières années. Olivier Bouc, Conseiller Prévention Innovation à la Caisse Centrale de Réassurance ajoute que « le changement climatique est déjà visible pour nous », précisant que les événements de sécheresse géotechnique (RGA) représentent une part plus importante du régime d'indemnisation des catastrophes naturelles. Il souligne le besoin d’identifier sur quels biens il serait pertinent de déployer en priorité des mesures de prévention.
Dans le contexte de changement climatique et de préparation du 3ème plan national d’adaptation (PNACC), Véronique Lehideux Cheffe du service des risques naturels et hydrauliques à la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) témoigne de la nécessité d’amplifier la prévention et de développer la culture du risque. LA DGPR mobilise la recherche notamment pour améliorer la connaissance des aléas et modéliser les phénomènes. Il y a également un enjeu à améliorer les connaissances sur les risques d’origines glaciaire et périglaciaire. Une meilleure connaissance sur la combinaison de risques est de plus nécessaire ajoute Béatrice Michalland. Enfin, Olivier Bouc souligne le besoin d’opérationnalisation : c’est à dire de réfléchir à l’appropriation des résultats de la recherche par les pouvoirs publics, les entreprises et les citoyens.
Tour d’horizon des 8 projets de recherche du PEPR Risques
Cette journée était l’occasion de présenter les premiers travaux et les actions prévues au sein des huit projets ciblés du PEPR Risques.
Quatre projets se concentrent sur des bassins de risques particuliers :
- Risques en montagne (IRIMONT), visant à produire des résultats novateurs sur les processus critiques, les évolutions des risques en montagne et leurs composantes, notamment pour les risques émergents, et les méthodes permettant leur appréhension et leur anticipation, à élaborer des projections de risques futurs sur des territoires cibles et sites pilotes, en partie extrapolables, et à capitaliser ces recherches au sein d’infrastructures pérennes et les mettre à disposition des territoires et des acteurs institutionnels et privés nationaux et internationaux.
- Risques littoraux (IRICOT), pour mieux comprendre et quantifier les processus sociohistoriques ; les processus hydrosédimentaires côtiers ; améliorer les méthodes permettant de passer de l'échelle régionale à l'échelle locale où se trouvent les biens exposés ; intégrer ces avancées dans une évaluation affinée des risques et de la gestion de crise ; comprendre, formaliser et modéliser la nature changeante des risques multiples et en cascade, et établir des projections et une cartographie des risques pour tenir compte de ces évolutions.
- Risques NaTech, dont l’objectif est de créer une communauté NaTech avec une diversité de disciplines scientifiques, centrée sur le risque technologique, d’améliorer les méthodes et les outils d’analyse des risques en intégrant des approches sociotechniques et la prise en compte des incertitudes, et de soutenir l’anticipation et la gestion de crises NaTech sur la base de scénarios d’accidents et le développement d’outils méthodologiques et de modélisation tenant compte des spécificités et des différents acteurs des territoires étudiés.
- Risques outre-mer, ciblant 3 défis : l’identification de nouveaux observables pour l'étude des risques naturels et de leur impact anthropique sur de grandes échelles spatio-temporelles (par exemple, les longs cycles sismiques et volcaniques et leurs couplages potentiels, la cyclicité des cyclones…). Il s’agit aussi du développement de modèles holistiques et intégrés de processus complexes en tenant compte des incertitudes liées aux projections du changement climatique, à l'intégration de modèles prédictifs couplés, et du développement de stratégies de gestion intégrée des risques adaptées à l'outre-mer et aux zones intertropicales, capables de faire face aux conséquences des événements extrêmes et des événements en cascade qui induisent des risques multiples (éruptions, instabilités, tsunami, inondations).
Quatre projets concernent des enjeux transversaux :
- Chaires collectives, dédié à la mise en place de 4 chaires de recherche pour renforcer les activités scientifiques transversales et interdisciplinaires en développant des approches intégrées des risques, produire de nouvelles connaissances scientifiques sur les situations de multirisques en matière d’observation, d’anticipation et de gouvernance, et construire les conditions d’une meilleure appropriation des connaissances et expertises scientifiques pour l’aide à la décision et l’action publique.
- Plateformes numériques, visant à concevoir une infrastructure de services pour fournir à la communauté scientifique concernée des moyens partagés de modélisation, d’analyse et de cartographie pour l’élaboration de scénarios de risques.
- Risques et sociétés, dont l’objectif est de caractériser le système français d’étude et de gestion des risques et des catastrophes, de contribuer à la construction d'un nouveau cadre d’analyse et de gestion intégrées des risques, et de concevoir et d’expérimenter de nouveaux outils et dispositifs de gouvernance inclusive des risques.
- INTERRISK, dédié à la mise en place d’actions internationales pour les sciences des risques, notamment un programme doctoral international et des actions de soutien à la mobilité.

Soraya Boudia (CNRS), Didier Georges (UGA) et Gilles Grandjean (BRGM), co-directeurs du PEPR Risques (IRiMa) lors de la journée scientifique 2024 du PEPR Risques (IRiMa) à Orléans.
© PEPR Risques
Deux futurs appels à projets de recherche
Les co-directeurs du PEPR ont de plus présenté les thématiques envisagées des futurs appels prévus, à savoir :
Un appel à manifestation d’intérêt en cours d’élaboration, sur le développement d’approches nouvelles et intégrées pour mieux anticiper, prévenir et gérer les risques soudains ou graduels et à forts impacts (inondations, ruissellements rapides, crues torrentielles, méga-feux, et risques avec des impacts plus étendus dans le temps : érosions post-incendies ruissellement, sécheresse - îlots de chaleur, retrait-gonflement des argiles). Le lancement de l’appel est souhaité début 2025, il soutiendra un projet à hauteur de 3 millions d’euros (plus d’informations dans la vidéo ci-dessous).
Un appel à projets (texte en cours d’élaboration également) dans le domaine de la gestion des risques, axé sur :
- Des stratégies nouvelles pour mieux gérer les risques sur le cycle prévention, anticipation, gestion de crise, réponse, rétablissement
- Des nouvelles solutions inhérentes à chaque typologie d’aléa, des systèmes vulnérables exposés et aux capacités des territoires à réagir.
Cet appel vise à soutenir plusieurs projets à hauteur de 800K€ par projet.
Près de 100 participants étaient réunis lors de cette journée, un grand merci pour ces échanges constructifs.